L’hyperactivité vésicale (HAV) idiopathique est liée à des facteurs hygiénodiététiques. Comme l’explique le Dr Brigitte Fatton, « l’obésité, le tabagisme et la consommation de boissons gazeuses sont significativement associés à l’incidence de l’HAV (1) ; alors que le risque d’HAV est réduit avec la consommation régulière de légumes, de pain et de poulet ».
- Pour ce qui concerne la caféine, présente dans le thé, le café, le cola (2), son rôle dans l’HAV, est controversé (3). Certains auteurs montrent une accentuation du risque d’incontinence urinaire (IU) par urgenturie avec la prise de caféine (4, 5). D’autres, au contraire (6), font état d’un rôle protecteur du café sur l’IU, mais un risque accru de symptômes de type nycturie, avec une forte consommation de thé.
- La réduction de la consommation des boissons a aussi donné lieu à des résultats contradictoires, observe le Dr B. Fatton : « Pour certains auteurs, elle ne semblerait pas avoir d’influence sur l’HAV et l’IU. Pour d’autres, elle aurait un effet protecteur en réduisant la pollakiurie, les urgenturies et l’IU par urgenturie » (6). En cas de réduction de l’ingestion de boissons, il est recommandé de maintenir un apport hydrique d’un litre par jour.
- L’obésité est un facteur de risque démontré d’IU chez la femme (1). Une réduction pondérale supérieure à 5 % chez des patientes obèses améliore significativement les symptômes d’HAV (7).
Prévenir la constipation
La constipation est plus fréquemment retrouvée en cas d’HAV (8). Chez la femme, elle multiplie par 2 à 4 le risque d’HAV (9). « Un traitement efficace de la constipation ne semble pas améliorer l’IU, poursuit le Dr B. Fatton. D’où l’importance de la prévention par l’éducation dès le plus jeune âge, en sensibilisant à la fois le médecin généraliste et le pédiatre au problème de la constipation chez l’enfant, ainsi que les pouvoirs publics à la propreté des toilettes publiques ».
Impact bénéfique de l’activité physique
Les patients HAV sont plus sédentaires que la population générale et, de ce fait, sont plus à risque de développer une comorbidité (comme l’obésité) qui peut aggraver l’HAV.
L’activité physique peut être un facteur de risque de l’IU si l’intensité des exercices est mal adaptée. Mais, remarque le Dr B. Fatton, « l’activité physique peut être aussi un facteur d’amélioration (10), grâce au renforcement musculaire du plancher pelvien, avec notamment des exercices adaptés ». Une activité physique régulière est préconisée (comme une marche rapide de 30 minutes par jour), ainsi que la pratique personnalisée d’un sport d’intensité adaptée au patient.
Le médecin généraliste, pivot central dans la prise en charge du patient HAV
Comme le souligne le Dr B. Fatton, « le médecin généraliste intervient dans le dépistage de la maladie, l’information du patient, la prescription adaptée, l’initiation des principales mesures hygiéno-diététiques, ainsi que le coaching du patient ». Les conseils diététiques visent à promouvoir :
- une alimentation variée, équilibrée et riche en fibres ainsi qu’une hydratation régulière et sans excès au fil de la journée, en évitant la consommation tardive de boissons en soirée ;
- la prévention de la constipation et le contrôle du poids pour éviter tout risque de surpoids. Enfin, il est important de recommander une hygiène de vie saine avec suppression du tabac et limitation de la consommation d’alcool et de café.
Claude Guillemin