Actualités épidémiologiques de l’infection VIH en France
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Actualités épidémiologiques de l’infection VIH en France
Interview vidéoLes réponses aux 10 questions les plus fréquentes de vos patients
Questions-réponses
Interview du Pr Olivier Lortholary** et du Dr Jérémy Lourenco***
Ne pas baisser la garde car l’infection VIH est toujours une réalité avec près de 6 000 nouveaux cas par an. Un des aspects préoccupants est l’augmentation significative des IST. Peut mieux faire en termes de dépistage et de diagnostic précoce. Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de la PrEP sur l’épidémie. Enfin, l’arrivée des génériques est actée par les professionnels de santé…
** Chef du service des maladies infectieuses et tropicales, Hôpital Necker-Enfants malades – Institut Pasteur, AP-HP, Paris.
*** Responsable du programme PrEP, Service des maladies infectieuses et tropicales, Hôpital Necker-Enfants malades – Institut Pasteur, AP-HP, Paris.
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Interview vidéo du Dr Jade Ghosn, infectiologue, Hôpital Hôtel-Dieu, Paris
Interview vidéo du Dr Guillaume Leloup, maladies infesctieuses et tropicales, Paris
Les réponses aux 10 questions
les plus fréquentes de vos patients
Que dois-je faire après une relation sexuelle à risque ?
Après une relation sexuelle à risque, il faut consulter au plus vite. Le traitement est une urgence. Plus il est débuté rapidement, plus il est efficace pour prévenir l’infection par le VIH. Au mieux, il doit être débuté dans les quatre heures après le rapport, mais on peut le débuter jusqu’à 48 heures après celui-ci. Ce traitement est pris pendant un mois. Dans un second temps, des tests sanguins permettront de diagnostiquer une éventuelle infection.
Des personnes séronégatives s’exposent au VIH en ayant des rapports non protégés avec des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). La prophylaxie pré-exposition (PrEP) fait-elle partie des nouveaux moyens de prévention ?
Oui, le principe de la PrEP consiste à proposer à des personnes non infectées par le VIH d’utiliser un traitement antirétroviral (anti-VIH) pour se protéger du risque de contracter le VIH. Il repose sur la capacité des traitements antirétroviraux à bloquer les mécanismes infectieux. Il est fondamental, voire crucial, de respecter une observance stricte pour garantir une efficacité optimale de la PrEP. Les personnes éligibles à une PrEP sont celles qui sont fortement exposées au risque de transmission par leurs pratiques sexuelles et qui n’arrivent pas à faire usage des moyens de prévention classiques. Il est nécessaire, avant toute prescription, de faire un dépistage de l’infection par le VIH, et des autres IST. Il s’agit d’éviter de prescrire une PrEP à des personnes porteuses du VIH qui l’ignorent. Un des avantages de la PrEP est donc de renforcer le dépistage chez des personnes à haut risque. Il faut rappeler que la PrEP protège uniquement du VIH, pas des autres IST (1).
Je souhaite voyager en région tropicale. Quelles précautions prendre ?
Une consultation médicale avant le départ permet de faire un bilan et de juger de sa faisabilité.
Trois éléments sont importants à prendre en compte (2) :
- La prévention vaccinale, avec des règles particulières pour les personnes vivant avec le VIH s’agissant des vaccins vivants atténués (ex. : fièvre jaune, rougeole).
- la prévention du paludisme qui semble plus fréquent et surtout plus grave chez les PVVIH. en raison des formes sévères de paludisme chez les PVVIH.
- L’importance d’un traitement antibiotique des diarrhées bactériennes potentiellement graves.
Je suis séropositif et asymptomatique. Pourquoi initier un traitement antirétroviral (ARV) ? Quels sont les bénéfices d’un tel traitement ?
À titre individuel, il a été montré que l’initiation précoce d’un traitement est associée à une meilleure préservation du système immunitaire : maintien ou restauration d’un nombre de CD4 > 500/mm3, d’un rapport CD4/CD8 > 1, préservation des lymphocytes CD4 « mémoire centrale », de la diversité du répertoire T et notamment de la réponse T spécifique anti-VIH… La préservation du capital immunitaire se traduit par un impact sur la morbi-mortalité : réduction du risque de l’évolutivité vers la maladie sida et de décès.
Au niveau collectif, la décision d’initier un traitement ARV précocement permet de réduire le risque de transmission du VIH et de casser ainsi la dynamique de l’épidémie.
Des personnes vivent avec le VIH mais l’ignorent. Quelles sont les stratégies de dépistage ?
La stratégie de dépistage recommandée par la Haute Autorité de santé (HAS) est basée sur l’incitation et la facilitation d’un dépistage volontaire. La HAS recommande également le développement d’une stratégie de dépistage ciblé et régulier en fonction des populations et des circonstances. Ce que plébiscitent aussi les experts car le dépistage ciblé doit être amplifié auprès des HSH (hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes), les toxicomanes, les migrants. Trente mille personnes vivent avec le VIH sans le savoir en France (3).
Les objectifs sont d’améliorer la détection précoce de l’infection par le VIH et de réduire le retard de la prise en charge.
Il existe une pluralité des lieux de dépistage : Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le virus de l'immunodéficience humaine, les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles (CEGIDD), structures associatives, services d’urgence, séjours hospitaliers… Il s’agit de pratiquer une triple sérologie : VIH, VHC et VHB.
Plusieurs tests de dépistage du VIH sont aujourd’hui disponibles :
- Les tests de dépistage sanguin (test ELISA) en laboratoire.
- Les tests rapides à orientation diagnostique (TROD) qui peuvent être réalisés par une tierce personne ou par l’intéressé lui-même.
- L’autotest, test réalisé par le patient, dépiste une infection par le VIH due à une prise de risque (rapport sexuel non protégé ou partage de matériel d’injection) ou une exposition accidentelle (rupture de préservatif, contact avec du sang, etc.) datant de plus de trois mois avant la réalisation du test. Le résultat est donc valable uniquement si la dernière prise de risque date de plus de trois mois.
Je suis séropositif et asymptomatique. Pourquoi initier un traitement antirétroviral (ARV) ? Quels sont les bénéfices d’un tel traitement ?
Il est important d’informer le patient sur les 2 résultats possibles et de la conduite à tenir.
L’autotest VIH ne dépiste pas les autres infections sexuellement transmissibles (IST) telles que l’herpès, la syphilis, les infections à chlamydia, la blennorragie gonococcique.
Il n’est pas nécessaire d’être à jeun pour réaliser un autotest. Il peut être réalisé au moment qui vous convient le mieux.
Comment « bien vieillir » en étant porteur d’une infection par le VIH ?
Aujourd’hui, on peut bien vieillir avec le VIH, grâce à une approche globale du patient séropositif, le dépistage précoce des complications et une prise en charge multi-spécialités dont le médecin généraliste et l’infectiologue sont les deux piliers.
Le VIH, et l’inflammation chronique qu’il génère, exposent à des complications chroniques, notamment cardiovasculaires et métaboliques. Il est essentiel de prévenir ces effets, dès le début de la prise en charge du patient. Le traitement antirétroviral précoce aide à contrôler l’inflammation chronique. D’autres médicaments, par exemple de la famille des statines, ont un effet bénéfique sur les complications cardiovasculaires (4). Des mesures telles que le sevrage tabagique sont essentielles.
Y a-t-il des interactions importantes entre mon traitement antirétroviral et les autres médicaments ?
Hormis ce que l’on appelle les « backbones » qui appartiennent à la famille des inhibiteurs de l’enzyme virale transcriptase inverse, toutes les familles d’antirétroviraux ont des interactions médicamenteuses avec d’autres agents anti-infectieux ou avec des médicaments non-infectieux. Ces interactions peuvent avoir deux effets : soit diminuer les concentrations dans l’organisme, avec à la clé une perte d’efficacité, soit, au contraire, augmenter les concentrations avec un risque d’effets indésirables. Le médecin prescripteur et le pharmacien sont particulièrement vigilants pour s’assurer que les différents médicaments peuvent être prescrits ensemble et pour définir les bonnes posologies, compte tenu des interactions. Le « binôme » médecin-pharmacien est essentiel.
Je suis également infecté par le virus de l’hépatite C (VHC). Puis-je bénéficier des nouveaux traitements ?
Le traitement de l’hépatite C a connu une véritable révolution avec l’arrivée de traitements innovants pangénotypiques, de courte durée (3 à 6 mois) et ayant une efficacité très élevée, presque constante. Ils sont appelés DAA, pour agents antiviraux directs. Les PVVIH (patients vivant avec le VIH) peuvent et doivent en bénéficier, quel que soit le stade de l’infection par le VHC et l’atteinte hépatique. De grandes études (5,6), notamment françaises, ont prouvé le bénéfice du traitement par les DAA chez les patients infectés par le VIH.
J’ai découvert ma séropositivité récemment et mon infectiologue m’a prescrit des génériques. J’ai été étonné.
Le groupe d’experts de la Société française de lutte contre le sida recommande de :
- Favoriser, lors de la réflexion en vue d’un changement de traitement, la prescription des associations d'ARV les moins coûteuses, lorsqu’à l'issue d'un choix basé sur les critères d’efficacité, de tolérance et de facilité de prise, plusieurs options restent possibles.
- Proposer aux PVVIH (patients vivant avec le VIH), dont la situation individuelle le permet des switchs dans un objectif de réduction des coûts, sous réserve :
* Santé publique France. Point épidémiologique du 23 mars 2017 – Découvertes de séropositivité VIH et de sida en 2015.
1. Haute Autorité de santé (HAS). La prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH par TRUVADA [en ligne]. [Consulté le 20/11/2017]. Disponible à l’adresse : https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2750213/fr/la-prophylaxie-pre-exposition-prep-au-vih-par-truvada
2. Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH. Recommandations du groupe d’experts. Rapport Morlat 2013, p. 259, 260, 281-291.
3. Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH. Recommandations du groupe d’experts. Rapport Morlat 2013, p. 42, 43.
4. Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH. Recommandations du groupe d’experts. Rapport Morlat 2013, p. 134, 141, 142.
5. Molina JM, Orkin C, Iser DM et al. Sofosbuvir plus ribavirin for treatment of hepatitis C virus in patient co-infected with HIV (PHOTON-2): a multicenter, open-label, non-randomised, phase 3 study. Lancet. 2015;385(9973):1098-106.
6. Piroth L, Paniez H, Taburet AM et al. High cure rate with 24 weeks of daclatasvir-based quadruple therapy in treatment-experienced, null-responder patients with HIV/hepatitis C virus genotype 1/4 coinfection: the ANRS HC30 QUADRIH study. Clin Infect Dis. 2015;61:817-25.
Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS). Prise en charge du VIH – Recommandations du groupe d’experts [en ligne]. [Consulté le 20/11/2017]. Disponible à l’adresse : https://cns.sante.fr/actualites/prise-en-charge-du-vih-recommandations-du-groupe-dexperts/
Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS). Présentations du CNS au XVIIe Congrès de la SFLS [en ligne]. [Consulté le 20/11/2017]. Disponible à l’adresse : https://cns.sante.fr/actualites/presentations-cns-xviieme-congres-de-sfls/
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